C’est
la chronique d’une peste qui frappe la ville d’Oran en Algérie. Le roman
s’inspire d’une petite peste qu’a connue la ville pendant les années quarante
du 20 ème siècle.
Le
roman a été écrit en 1947 et vaut –en partie- à son auteur de rapporter le prix
Nobel dix ans plu tard.
Résume :
Au
début, le roman raconte l’apparition, au mois d’avril, de rats pestiférés dont
la présence et la mort massive n’alarme pas les habitants pour autant, avant
que la peste ne fasse sa première victime humaine Mr Michel le concierge .Après,
l’état de peste fut déclaré, et la ville fut fermée.
Les
chapitres qui suivront décrivent la vie de la ville fermée, isolée, et
empestée, la montée de l’épidémie ;les réactions des habitants parmi
lesquels les uns s’organisaient pour lutter contre la maladie, tandis que
d’autres essaient d’en profiter.
L’effort
des résistants donnera suite après de ci
longs mois d’isolement et de lutte acharnée, et la maladie commence à régresser
après que l’on commence à remarquer la réapparition de rats vivants.
La
maladie emporte cependant deux dernières victimes parmis les personnages du
roman, avant que l’on décide en Février d’ouvrir la ville déclarant ainsi la
fin de l’état de peste.
La
peste : une vue sur l’histoire, une autre sur l’existence :
Bien
qu’il soit basé sur une réalité historique (la peste d’Oran des années
quarante), le roman se veut bien plus qu’une simple chronique. Camus y dénote
une autre réalité historique, celle de l’occupation allemande en France,
d’ailleurs on peut remarquer l’analogie entre les deux réalités( la peste, le
Nazisme) oû les gens refusent au début d’admettre ce qui les menace, réagissent
après de façons contradictoires, ainsi les uns se mobilisent pour résister, les autres collaborent pour
profiter de la situation.
Le
roman n’en reste pas là, il s’ouvre sur un autre débat, et se lance dans une
plus ample réflexion démontrant la position engagée et critique de l’auteur.
En
effet, la population confronté brutalement à la réalité pernicieuse de la peste
découvre la fragilité de la condition humaine, l’asservissement de l’homme qui
d’ailleurs ne perçoit la peste au début que comme une simple perturbation de
l’habituel et du quotidien,refusant ainsi de se délaisser de son attitude à se
réfugier dans ses anciennes habitudes quand il se voit confronté à
l’abstraction du vécu.
Comme
ça les personnages principaux du roman réagissent de façons très différentes
les uns des autres face à l’absurdité de la réalité d’une ville
empestée :le docteur Rieux faisant son devoir de médecin et essayant de
sauver les vies, Grand essayant d’écrire un roman mais ne dépassant jamais la
première phrase du livre, Rambert qui essaye sans cesse de fuir la ville à
fin de retrouver sa femme et bien
aimée ;Tarrou luttant contre la peste, la mort pour se réconcilier avec la
vie, Père Paneloux qui voit la maladie comme châtiment divin à l’insouciance
humaine, ou encore Cottard qui se lance dans des activités de contre bande profitant
ainsi de l’isolement de tout le monde.
L’athéisme
d’Albert Camus est exprimé par quelques uns de ses personnages dans « la
peste » ,Rieux, Rambert, et Tarrou.
Sa
critique d’une religion fanatique s’exprime surtout par opposition aux propos
du père Paneloux qui au début condamne tout le monde dans son prêche estimant
que la peste est un châtiment, mais qui se remet en question après avoir été témoin
de la mort atroce du petit Phillipe Othon n’osant plus percevoir la peste comme
condamnation puisqu’elle emporte les innocents aussi, mais refusant toutefois de se faire traîter lui-même,il meurt finalment masacré par l’épidémie.
Ce
qui est intéressant pourtant c’est cette vision limitée qu’adopte Paneloux et
ses idées bien arrêtées qui révèlent non seulement la position du religieux
face à la peste, mais aussi une raison supplimentaire sur laquelle la position
de l’athé peut se défendre.
« soit on croit
en tout, soit on nie tout, et qui osera tout nier ? » dira le Père
Paneloux ,mais s’il est seulement question d’audace, l’athé peut bien oser, et
nier tout, ça sera sa révolte contre ce qu’il perçoit comme absurde.
Il
faut bien dire que ce sentiment de révolte s’est fait remarqué dans les écrits
de plusieurs penseurs et écrivains de l’époque de Camus.
Les
intellectuels vivaient une profonde déception après les deux guerres dites
mondiales.la société industrielle n’a pas tenu ses promesses de richesse et
d’épanouissement pour tous, et s’est livrée à un impérialisme impitoyable, on
ne pouvait que tout remettre en question, refuser tous les repères donnés, et
chercher à se repositionner dans un monde qui semble jusque là insignifiant, du
moins pour un humanisme qui cherche à améliorer la condition humaine, c’est
pour cela le roman évoque aussi une position contre la peine de mort, adopté
par Tarrou, le retour de Rambert qui abondonne son projet d’évasion pour lutter
avec les autres, ainsi pour dire que le bonheur ne peut pas être égoïste, il ne se réalise qu’avec les
semblables.
Ainsi
aussi ,le roman se termine sur un tableau du docteur Rieux sur la terrasse d’un
immeuble lançant le regard sur une vue panoramique de la ville comme on regarde
la vie toute entière, conscient des limites de l’être humain, de ses faiblesses,
de la force qu’il acquiert de sa lucidité devant le vécu et l’existant.
N.B :l’article
si-dessus ne présente pas une opinion sur les idées de Camus, il s’agit d’une
lecture du roman dans son contexte historique et culturel, les positions de
l’auteur y restent à débattre.